Après dix jours d'enquête palpitante, j'ai réussi à identifier les soldats de 1914-18, dont les restes ont été exhumés par des habitants de la Pépinière à Belfort. J'ai mené cette action dans le cadre du devoir de mémoire, et du respect dû à ces combattants de 1914, à la veille du centenaire de ce premier conflit mondial.
Comme je l'avais indiqué dès le début, il s'agit bien de combattants français de la guerre de 1914-18, et non pas de soldats américains ou canadiens, comme les premiers articles le laissaient entendre.
Leurs dépouilles ont été retrouvées à la Pépinière sur le site d'un cimetière provisoire de la guerre de 1914, installé par l'Armée et la mairie en octobre 1914, en contrebas du cimetière israélite de Belfort. Ce cimetière militaire a fonctionné jusqu'en décembre 1916, avant d'être fermé pour des raisons sanitaires.
453 combattants ont été enterrés là pendant deux ans. En 1922, 120 corps ont été réclamés par leurs familles, pour être réinhumés partout en France. En 1924, en théorie, tous les autres corps ont été transférés au Cimetière national des Glacis. Mais en théorie seulement...
Grâce au registre d'inhumation de 1914, conservé aux archives municipales de Belfort, et grâce aux éléments retrouvés sur place (plaque portant le numéro 38, souvenirs de Mme Burgy se souvenant d'avoir trouvé en 1973 sur place des plaques portant les noms Soutte et Stimitel), j'ai pu identifier les trois combattants.
Il s'agit de Henri Hosotte, de Plancher-les-Mines, 21 ans, travailleur civil du Génie militaire, et de Pierre Stempfel, 16 ans, de Belfort, également travailleur civil du Génie militaire. Ils sont décédés tous les deux le 28 octobre 1914 à l'hôpital militaire de Belfort, victimes de la fièvre typhoïde qui faisait alors des ravages.
Le troisième est le maréchal des logis Émile Marius Degrange, du 17e régiment de dragons. Né le 1er aout 1887 à Montagny (Rhône), il a été tué avec son lieutenant lors d'une reconnaissance à cheval des lignes allemandes, au matin du 23 octobre 1914 à Largitzen (Haut-Rhin).
Il conviendrait maintenant de les réinhumer au cimetière national des Glacis à Belfort, où leur nom figure déjà...
C'est la preuve qu'en 1924 le cimetière provisoire a été mal relevé. En 1947, des maisons ont été construites sur ce terrain, où se trouveraient encore des centaines de cercueils. Un scandale auquel il faut mettre un terme a la veille du centenaire de 1914. J'ai saisi la mairie de Belfort, l'Etat et la mission nationale du Centenaire. Il faut trouver une sépulture décente pour tous ces combattants, et permettre aux propriétaires des maisons de retrouver un environnement naturel plus serein.
J'adresse un remerciement aux amis belfortains qui m'ont aidé dans cette enquête: mon assistant Renaud Rousselet (qui a consacré son mémoire de maîtrise d'Histoire aux lieux de mémoire du
Territoire de Belfort), Nicolas Vignos, responsable de l'abri-mémoire du Hartmannswillerkopf (le Vieil Armand) près de Cernay, Dominique Pegeot, collectionneur qui travaille au musée du château de Belfort, et enfin mon fils Thiébaud Grudler, étudiant à la faculté d'Histoire de Strasbourg. Nous avons pu mener ensemble une belle recherche historique collective.
Les commentaires récents