Comme attendu, la Commission européenne vient de refuser ce mercredi après-midi la fusion entre Alstom Transports et Siemens Mobility.
Si cette décision réjouit à court terme les syndicats et une partie du personnel, il n’en demeure pas moins vrai que l’avenir reste sombre à moyen et long terme pour Alstom, faute de partenariat stratégique avec d’autres groupes.
Il est inutile de se battre contre des moulins à vents. Prenons acte de la décision de la Commission européenne, à laquelle nous ne pouvons rien changer. S’il devait y avoir des modifications des règles de concurrence au niveau européen, il faudrait de longs mois avant de parvenir à une quelconque modification.
A nous de retourner la situation et de faire de ce refus une chance de redéveloppement.
Alstom, qui vient de réussir une année budgétaire exceptionnelle en 2018, retrouve une santé financière qui lui permet de lever à nouveau la tête pour regarder l’avenir :
- Si elle reste sur le seul domaine des transports, il lui faudra rapidement trouver un nouveau partenaire industriel pour faire face à la concurrence mondiale, et notamment chinoise. Ce nouveau partenaire devra à mon sens être choisi avec minutie, sans précipitation, en tenant compte des racines et de l’histoire d’Alstom, qui fabrique des locomotives à Belfort depuis presque 150 ans. Une entreprise qui oublierait ses racines est condamnée à mourir. Le savoir-faire et la modernité du site de Belfort doivent aussi être mis en avant, autour du TGV du futur, et peut-être d’autres projets structurants.
- Si elle veut augmenter son activité et sa surface financière, l’entreprise Alstom peut aussi réinvestir le domaine de l’énergie, en rachetant - au minimum - la filière nucléaire et la maintenance (le retrofit) qu’elle a vendu en 2014 à General Electric, à l’heure où GE cherche à se séparer d’une partie de sa filière énergie. Il s’agit ici d’une question de souveraineté nationale et de stratégie pour la France. Cette filière nucléaire est rentable, et peut permettre, grâce à ce courant d’affaires, une diversification vers d’autres formes d’énergies renouvelables et d’avenir. Là encore, le Territoire de Belfort peut accompagner le projet grâce à sa Vallée de l’énergie, qui fédère à la fois des acteurs de l’énergie traditionnelle et renouvelable. Pour l’Etat, une vente à Alstom serait sans doute plus sécurisante qu’une vente par appartements à des entreprises chinoises, japonaises ou indiennes…
Je vais prendre les contacts nécessaires auprès des personnels concernés et de leurs représentants, ainsi qu’auprès du gouvernement afin d’avancer en ce sens si un consensus se dégage.
Sur le dossier de la vente de tout ou partie de la division énergétique par General Electric au profit d’Alstom, l’Etat français dispose de nombreux leviers pour agir (choix souverain nucléaire, conditions d’application des pénalités à General Electric…). Il faut maintenant les utiliser.
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