Marcelle Bailly, veuve de Jean-Marie Bailly, maire de Belfort de 1971 à 1974, vient de nous quitter à l’âge de 90 ans.
C’est une des dernières résistantes et déportées en lien avec le Territoire de Belfort qui disparaît, même si elle avait choisi de passer les dernières années de sa vie à Annecy. Je souhaite rendre hommage à cette grande dame, au combat de toute sa vie, dans la dignité, face aux épreuves qu’elle a traversée.
Originaire de Nancy, Marcelle Zelli rejoint la Résistance alors qu’elle n’a que 18 ans. Officiellement, elle travaille à la Maison du prisonnier de Nancy, mais elle se sert de son poste pour fournir des renseignements aux troupes alliées, pour délivrer de faux papiers aux évadés, aux réfractaires au STO, aux résistants.
On estime qu’elle a orienté personnellement plus de 6000 personnes vers les maquis du Sud de la France. Ce qui lui vaudra d’être faite Commandeur de la Légion d’Honneur en 2013.
Le 11 février 1944, le réseau pour lequel elle travaille est démantelé. Elle est arrêtée par la Gestapo. D’abord enfermée à la prison de Nancy, elle est déportée au camp de concentration SS de Ravensbrück, où elle arrive le 27 juillet 1944. Elle portera le matricule 47208 et y vivra des moments épouvantables (au moins 70.000 prisonnières y meurent par chambre à gaz, maladies, fatigue, expérimentations médicales…).
En avril 1945, la libération des camps par les alliés lui permet de rejoindre la France, amaigrie et très malade.
En 1948, elle rencontre son futur mari Jean-Marie Bailly, énarque, enfant de Saint-Germain-le-Chatelet dans le Territoire de Belfort. Avec lui, elle se passionnera pour la politique et sera de toutes ses campagnes électorales dans le département.
Membre de l’UDR, parti soutenant le général de Gaulle, il sera député, sénateur, secrétaire d’Etat au commerce sous Pompidou (gouvernement Chaban-Delmas). En 1971, il sera élu maire de Belfort, poste dont il démissionnera en 1974, lâché par la plupart de ses amis politiques. Là encore, dans l’épreuve, Marcelle Bailly sera aux côtés de son mari, jusqu’à son décès en 1984 à Paris.
Elle le rejoindra vendredi 13 juin dans la terre du Territoire de Belfort, au cimetière de Saint-Germain-le-Châtelet.
Dans ces moments difficiles, je salue sa mémoire et celle de sa famille, en présentant mes condoléances émues à tous ses proches, et tout particulièrement à ses enfants Bruno et Frédéric.
Avec la mort de Mme Bailly, c’est une nouvelle partie de la mémoire de la déportation qui disparait. Aujourd’hui, il ne reste plus que six déportés survivants dans le Territoire de Belfort.
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