Je suis « très surpris » par la position du sénateur Cédric PERRIN, lancée sur une demi-page en page Région dans L’Est Républicain du samedi 21 décembre.
M. PERRIN propose que l’entreprise américaine General Electric participe à la construction du futur porte-avion français de nouvelle génération… Il va falloir qu’il revise son petit livret sur le Gaullisme et sur l’autonomie stratégique française.
En effet, cette proposition va totalement à l’encontre des objectifs français et européens en matière de Défense.
Le but stratégique recherché est d’obtenir une autonomie européenne, notamment en matière de matériels. Le projet du sénateur PERRIN est de placer une nouvelle fois nos porte-avions sous la totale dépendance de la technologie américaine. C’est totalement inenvisageable, et les échanges que j’ai directement avec nos ministres me rassurent totalement sur ce point : l’Etat français ne va pas confier une technologie sensible nouvelle à un groupe américain.
Pour mémoire, chaque élément destiné à la Défense construit aux Etats-Unis ou par des entreprises américaines est soumis à l’ITAR. Cette réglementation protectionniste américaine permet de faire pression sur des industriels ou des Etats, nuisant ainsi à leurs libres choix. Lors de la guerre en Irak, à laquelle les Français ont refusé de participer, une des mesures de rétorsion américaine a été l’arrêt de la maintenance sur les catapultes mécaniques qui équipent notre porte-avion Charles-de-Gaulle.
L’urgence pour l’avenir est donc de sortir de cette dépendance, et non pas de s’y remettre. Le Fonds de la Défense européen de 13 milliards d’euros sera essentiellement utilisé dans ce sens, de même que les 16 milliards du programme spatial européen, dont je suis shadow rapporteur pour mon groupe Renew Europe.
Je pense cependant que le marché des catapultes est une bonne idée industrielle pour l’avenir, si les Français – et les Européens – voulaient s’en emparer.
Pour moi, la solution doit donc être française et européenne. La France maîtrise depuis vingt ans la technologie du canon électromagnétique. Il y a un vrai marché pour les grandes catapultes pour les porte-avions en effet, mais il a aussi un potentiel pour de petites catapultes électromagnétiques, qui permettraient de lancer des drones à partir de navires d’interventions (frégates, corvettes, etc.). Dans ce cadre-là, nous sommes bien armés dans le nord Franche-Comté pour être les acteurs de cette filière : à travers la Vallée de l’énergie notamment, nous avons toutes les compétences tant dans l’industrie que dans le monde de la recherche.
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