CHRISTOPHE GRUDLER

UNESCO: Besançon qui rit...

Extrait d'une dépêche de presse:

"Récompense prestigieuse, le label du patrimoine mondial décerné par l'Unesco constitue pour les 12 sites Vauban couronnés une «formidable opportunité» économique, mais les communes s'inquiètent des investissements nécessaires et recherchent des fonds publics et privés.

«Tout seuls, on n'arrivera pas à faire face, il faut qu'on nous aide», déclare ainsi le maire de Neuf-Brisach (Haut-Rhin), Richard Alvarez (SE), à la tête d'une petite commune de 2.400 habitants enserrée dans l'étoile parfaite à huit pointes des fortifications construites par Vauban.

La commune la plus pauvre du canton s'attend à multiplier par trois ou quatre le nombre de ses visiteurs qui plafonne actuellement à 20.000 par an. Mais elle devra trouver des aides techniques et financières pour ouvrir des hôtels et restaurants, créer des circuits touristiques et rénover le musée.

A Besançon, ville dont le maire PS Jean-Louis Fousseret, président du Réseau des sites majeurs Vauban, a piloté le projet de classement global par l'Unesco, on s'attend à de fortes retombées économiques dont la plus importante pourrait être l'arrivée de nouvelles entreprises, attirées par la notoriété acquise au niveau national, voire international.

«L'inscription au patrimoine mondial donnera à la ville une crédibilité pour l'implantation de grands groupes riches en emplois de cadres», estime Bernard Falga, directeur général adjoint de la ville, chargé du pôle Culture et développement.

En termes de tourisme, Besançon attend 20 à 25% de fréquentation supplémentaire, sur un flux annuel actuel de 300.000 visiteurs.

Mais comme les autres sites Vauban, la ville espère un accroissement de l'appui financier de l'Etat, de la Région, du Département et de l'Europe, avec des fonds Feder, pour l'aider à assumer les frais d'entretien et de restauration de sa citadelle, l'une des plus grandioses de France, avec plus de 10 km de remparts (un million d'euros par an).

Le mécénat privé représente un autre espoir pour le Réseau des sites majeurs Vauban qui fédère des installations dans toute la France, propriétés communales, privées, ou bien appartenant aux ministères de la Justice (Saint-Martin de Ré) ou de la Défense (Arras, Briançon, Mont-Louis...). La fondation EDF vient d'apporter 200.000 euros sur quatre ans au Réseau qui espère que l'exemple sera suivi par d'autres mécènes."

UNESCO: je suis triste pour Belfort

Ce lundi à Québec, l'Unesco a inscrit, comme attendu, le Réseau des sites majeurs de Vauban au patrimoine mondial de l'humanité. C'est un bel hommage que l'Unesco rend ainsi à un génie français. Je me réjouis d'y voir figurer Besançon: son maire s'est battu depuis des années pour parvenir à ce résultat, et il obtient la juste récompense à ses efforts. Je l'en félicite.

En revanche, je suis triste pour Belfort. Notre ville est une vraie ville Vauban; elle méritait vraiment l'inscription au patrimoine de l'Humanité. C'est pourquoi j'avais proposé dès le printemps 2005 l'inscription de Belfort à l'UNESCO.

Je m'étais rendu au siège de l'Unesco à Paris, puis au ministère de la Culture faubourg Saint-Honoré. Je m'étais entretenu avec le maire de Besançon à la Maison de Franche-Comté à Paris, à l'issue d'une réunion du Réseau Vauban.

Malheureusement, l'acharnement de la municipalité de Belfort à vouloir construire une mosquée de 1700 places dans nos fortifications historiques nous a fait perdre le classement.

MM. Chevènement et Butzbach peuvent continuer à le nier. C'est bien à cause de cette construction moderne en plein site historique que le conseil scientifique national a rejeté la candidature de Belfort: la représentante du ministère de l'environnement avait pudiquement parlé de "la mauvaise intégration paysagère" des fortifications Vauban de Belfort, alors qu'un professeur d'université belge avait clairement dit que "Belfort doit savoir ce qu'il veut: soit le classement Unesco, soit la mosquée dans les fortifications".

Devant le courroux de Jean-Pierre Chevènement, un spécialiste de Vauban membre de cette commission lui avait écrit a posteriori. Pour le consoler, il affirmait que Belfort ce n'était pas que du Vauban mais aussi du Haxo (XIXe siècle)... Besançon a aussi été remanié au XIXe siècle, cela ne l'a pas empêché d'être classé à l'Unesco !!!

Mais ce qui frappe encore plus aujourd'hui, c'est l'incapacité de la majorité municipale à faire du lobbying et à défendre les intérêts de Belfort. Je revois Jean-Pierre Chevènement affirmer, dans la presse en 2006, que "si classement à l'Unesco il devait y avoir", on pouvait compter sur lui pour que Belfort y figure. On voit le résultat !

Une nouvelle fois, Belfort a laissé passer le train du développement touristique. L'image de Vauban, c'est maintenant pour les autres. Besançon est conforté en tant que première place touristique de Franche-Comté. Il faut maintenant réinventer un produit touristique pour Belfort."

Christophe GRUDLER

Tristesse pour le lion et le château

Le développement touristique devrait être un atout pour Belfort. Mais la municipalité semble tout faire pour qu’il n’y ait pas un tel développement dans notre ville :

• Construction d’une mosquée de 1500 places dans le site historique, nous faisant perdre le classement de Belfort au patrimoine mondial de l’UNESCO
• Sous-traitance au château d’un « parcours de découverte » de faible intérêt à une société privée qui n’a aucune expérience dans le développement touristique
• Signature avec cette société privée d’une convention largement défavorable à la Ville : exonération de taxe professionnelle et de redevance, versement d’une indemnité par la Ville fixée à 95.000 euros cette année

Comme si cela ne suffisait pas, le maire vient d’accorder des conditions encore plus avantageuses : la visite du Lion passe de un à cinq euros, avec vente forcée d’une visite au « parcours de découverte ». Ce sont les agents de la Ville, qui tiennent la caisse du Lion, qui collecteront les 4 euros remis au privé !

Conséquence immédiate : une chute vertigineuse de la fréquentation du Lion (15 entrées au lieu de 210 le dimanche du Fimu !)

De l’aveu même de la société privée, le « parcours de découverte » n’est pas suffisamment attractif, et le seul vrai produit d’appel pour le tourisme à Belfort, c’est le Lion !!

C’est ce que nous avions dit lors de la campagne municipale, en proposant un projet complet d’animation autour du Lion, dans un but culturel, ludique et familial. Nos adversaires de gauche et de droite se sont efforcés de rire, pour mieux masquer le fait qu’ils n’avaient pas d’autres idées.

Besançon vient d’installer des kangourous dans les fossés de sa citadelle ; la Montagne des singes en Alsace a renforcé sa population de petits singes. Et cela n’a fait rire personne parce que, là-bas, on a compris que le tourisme familial passe par la présence d’animaux. A Belfort, on rit…et on aura bientôt plus que les yeux pour pleurer en regardant les autres se développer, à notre place.

Loin de nous réjouir, cela nous attriste. C’est pourquoi nous avons proposé notre expertise au maire pour l’aider à modifier ses choix. Mais nous n’avons eu aucune réponse…

Christophe GRUDLER

Et les élus du groupe Julie de BREZA et Dominique PERRIN