Les gilets jaunes, c’est d’abord une crise sociale, conséquence d’un sentiment d’abandon d’une partie des classes pauvres et moyennes, ressenti depuis plus de vingt ans.
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres a été l’augmentation du prix des carburants, dû en grande partie à l’augmentation mondiale du prix du baril… Je connais, depuis des années, cette souffrance, que j’essaie modestement d’atténuer localement par des conseils et de l’écoute dans mes permanences d’élu ou au domicile des personnes, tout au long de l’année. Ce combat pour que chacun s’en sorte mieux, je le comprends et je le soutiens.
Mais les gilets jaunes, mouvement de colère spontané, c’est par nature un mouvement déstructuré…et donc une proie facile pour la récupération tout azimut par l’extrême-droite, l’extrême-gauche, et plus généralement par tous les recalés et frustrés de l’élection présidentielle.
Avec bien sûr les casseurs et anarchistes tout heureux de l’aubaine.
Je suis un démocrate. Je suis donc attaché à la liberté de manifester. Il n’y a pour moi aucun problème pour que les gilets jaunes manifestent à ce titre. A condition de respecter aussi les autres et les avis divergents.
A condition de ne pas s’en prendre à d’autres Français, qui ont le droit de ne pas soutenir le mouvement.
A condition de ne pas dégrader les biens publics.
A condition, enfin, de ne pas bloquer l’économie du pays et notamment les petites entreprises qui se battent pour vivre et conserver leurs salariés, souvent modestes eux-aussi.
Je suis un démocrate. Je suis donc respectueux du fonctionnement démocratique de la République française. Et actuellement, il y a des choses que je ne tolère pas:
1/ la guérilla urbaine, montrée samedi à Paris, par des casseurs en gilets jaunes, est une honte pour notre pays. J’attends de tous les gilets jaunes sincères, que je connais, une dénonciation inconditionnelle de ces actes criminels, sans chercher d’excuses et sans inverser les responsabilités.
2/ Emmanuel Macron a été élu président de tous les Français. Il est donc légitime à son poste. Je trouve scandaleux que l’on demande sa démission. C’est un total irrespect pour la fonction de Président de la République et la démocratie.
Avant lui il y a eu Hollande, Sarkozy, Chirac, Mitterrand…Je n’ai pas toujours été d’accord avec ces présidents, mais à partir du moment où ils ont été élus par le peuple de France, ils incarnaient à mes yeux la Nation.Ils avaient, à ce titre, droit au respect dû à notre pays et à ses institutions. Idem pour les députés : ils ont été élus pour cinq ans, quel qu’ait été leur bord politique et ils ont droit au respect.
Certains me diront qu’ils ne sont pas allés voter à l’élection présidentielle. Dans une démocratie, quand on ne vote pas, c’est qu’on accepte par avance le verdict démocratique qui sort des urnes.
Et si on n’en veut plus, on s’engage, on propose, et on attend l’élection suivante. Sinon, cela s’appelle l’anarchie, et derrière elle la dictature. Et là, tout le monde devra se taire tout le temps, car il n’y aura même plus d’élections…
3/ Les Gilets Jaunes doivent se structurer, sortir des porte-paroles représentatifs, et négocier avec le gouvernement. Bien sûr, ce dernier a fait des erreurs ces derniers mois, ce serait stupide de ne pas le dire. Des choses positives ont aussi été faites (baisse de la taxe d’habitation, remboursement à 100% des soins dentaires ou des lunettes par exemple).
Ces derniers mois, il y a eu, en interne à cette majorité, des « lanceurs d’alerte » proposant d’autres solutions au profit des gens, notamment sur l’ISF ou la CSG. Ils n’ont pas été entendus, mais il est certain que maintenant ils le seront et que leurs avis seront écoutés.
Donc, il y a place pour de la négociation et pour des avancées significatives. Mais pour cela, le respect doit être réciproque.
Il faut vite sortir de cette crise. Parce que notre pays doit redémarrer au niveau économique, doit à nouveau se battre dans la compétition mondiale pour apporter à la France de la richesse dont tout le monde profitera. A contrario, un pays à l’arrêt, un pays paralysé, c’est l’assurance d’une dégradation générale du niveau de vie pour tous les Français…
Dialoguer, cela veut déjà dire dépasser les haines. Il est toujours plus facile de détruire que de construire, de détester que d’aimer, de diviser que d’unir. Les tombereaux de haine que l’on voit sur les réseaux sociaux, relayant souvent de fausses nouvelles, de l’insulte, de la diffamation, nourrissent un climat malsain, entretenu notamment par des puissances étrangères qui rêvent d’abattre la France de l’intérieur…Soyons attentifs à tout cela, et dépassons-le.
Montrons à nouveau que les gens de bonne volonté sont les plus nombreux dans le pays, et qu’en se tendant la main, il sera possible de trouver des solutions dans l’intérêt de tous, qu’ils soient gilets jaunes ou non. Ce jour viendra, et le plus rapidement sera le mieux pour tous.
Christophe GRUDLER
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