Fraichement élu député européen, et donc très occupé par cette prise de fonction, je n'en n’oublie cependant pas mes passions pour l’Histoire et le Territoire de Belfort.
J'ai découvert un document manuscrit inédit sur le général Beuret et ses actions lors de la guerre de Crimée en 1854. J'ai confié ce précieux journal au maire de Larivière (90), commune où il sera exposé ce week-end lors de cérémonies en l’honneur de cet illustre enfant du pays.
Un ami, Renaud Rousselet, m’a amené un journal manuscrit que son frère avait déniché sur un marché aux puces de Nice (Alpes-Maritimes). Il m’a demandé mon expertise historique, car j’ai plutôt l’habitude de lire cette calligraphie du XIXe siècle. Je me suis rapidement rendu compte de l’intérêt de cette pièce d’archive pour l’histoire de France, mais aussi pour le Territoire de Belfort.
Il s’agit en effet d’un journal de marche militaire manuscrit du 39e Régiment d’infanterie de ligne.
Il y a deux parties : la première couvre la période de la guerre de Crimée (1854-1857) et la seconde la période 1862-1865. Seule la première concerne le général Beuret, à la tête du régiment. Mais la deuxième est aussi intéressante pour notre région, car le 39e RI était alors en garnison à Belfort.
Le général Georges Beuret, enfant de Larivière, commande le 39e régiment d’infanterie de ligne à Nîmes en mars 1854, lorsqu’il reçoit l’ordre de rejoindre, avec ses 2000 hommes, l’Armée d’Orient qui part pour la Crimée.
Il participera activement à la première victoire française en Crimée, lors de la célèbre bataille de l’Alma.
Tout le monde connait à Paris le zouave du Pont de l’Alma, en mémoire de cette bataille. Les zouaves ont en effet renversé les positions russes sur les hauteurs de l’Alma, mais n’ont pu maintenir leur position que grâce à un renfort apporté notamment par le 39e RI de Georges Beuret qui était alors colonel.
Le journal explique que Beuret s’est particulièrement distingué à cette bataille de l’Alma :
« Le porte-drapeau du 39e est renversé, mort, (…) le colonel Beuret prend le drapeau et le porte en avant. Le régiment s’y rallie, prompt, et le mouvement en avant continue avec énergie (…) Le colonel Beuret a eu son cheval blessé sous lui par un biscaïen [balle]. »
Le régiment comptera 10 tués et 37 blessés lors de cette bataille.
Beuret et son régiment participent ensuite à la prise de Sébastopol, où il est fait général et officier de la Légion d’Honneur, puis change d’affectation. Le régiment sera de retour en 1856 en France pour être passé en revue par l’empereur Napoléon III sur le champ de mars à Paris.
Beuret trouvera la mort trois ans plus tard, le 20 mai 1859, en combattant dans les rues de Montebello en Italie.
Le journal du 39e RI reprend en 1862, lorsque le régiment est en garnison à Tours. Le 7 octobre 1864, il rejoint sa garnison à Belfort : le journal décrit par le menu toutes les manœuvres que le 39e RI effectue dans les villages autour de Belfort.
Exposé ce week-end à Larivière, village natal du général Beuret dont le buste trône à côté de l’église, je reprendrai le journal de marche dans le but d’en tirer un maximum d’enseignements historiques.
Je prendrai également contact avec le Ministère de la Défense afin de microfilmer le document et de le mettre à la disposition des chercheurs aux archives de Vincennes. Je participerai aussi aux commémorations de ce week-end à Larivière : reconstitutions historiques, cérémonie…
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