J’ai participé ce dimanche à la Pépinière à un moment fort en émotion : les 60 ans du Centre socio-culturel de la Pépinière, baptisé maintenant du nom de Michel Legrand.
Photo Revue Municipale Belfort
Enfant de la Pépi, instituteur, pionnier de l’éducation populaire, il a apporté un rayonnement culturel important à Belfort dans les années 1970. Avec le CDEP, puis le CDAC, qu’il a créé, il a permis de percer à toute une génération de « créatifs », dont les noms sont familiers aux Belfortains : Marcel Guignard (le théâtre du Pilier), Richard Gorrieri (FIMU, Entrevues), Jean-Michel Kuntz (directeur Centre socio-culturel Belfort-Nord), Jacques Rollin (chef de chœur des Fortbelle Jeunevoix), Henri Huttgès (directeur Centre socio-culturel La Pépinière), etc.
Cette manifestation a connu un vrai succès populaire : plus de 400 personnes ont été accueillies dans la grande salle par Touria Acar, la dynamique présidente du Centre socio-culturel de la Pépinière. Moment d’émotion lorsque Jeannette Legrand est venue rappeler le souvenir de son mari, un homme humble qui ne souhaitait jamais se mettre en avant, un homme qui croyait au collectif et à l’engagement.
Madame Legrand devant la plaque à la mémoire de Michel.
Moment d’émotion et de rire avec le spectacle des Sept fantassins, (« créatifs » parmi lesquels ceux cités ci-dessus) qui ont retracé ave truculence toute l’aventure culturelle de Michel Legrand.
J’ai bien connu Michel Legrand, et je me suis entretenu longuement avec lui autour de son action. Je me souviens notamment d’un long échange que j’ai eu chez lui, dans sa maison de la rue Racine, à la veille des élections de 2001. Je voulais absolument comprendre toute son histoire, et celle de la belle aventure du CDAC. Michel Legrand a énormément apporté à la culture belfortaine : fondateur du festival de cinéma, devenue Entrevues, initiateur de la mutualisation des moyens au niveau du CDAC, de la compagnie de théâtre du Pilier (du nom du pilier central de la salle basse de la Tour 41), etc.
Je sais aussi comme il a souffert, intérieurement, pendant ses dernières années d’exercice professionnel… Le CDAC s’était fortement développé dans les années 1970, à l’époque des municipalités Bailly puis Bonnef : il est vite devenu un symbole des années passées pour la nouvelle majorité municipale. Un lent démantèlement du CDAC a été engagé, si bien qu’au milieu des années 1980, Michel Legrand n’a plus eu de travail à Belfort. Il a été obligé de se rendre à Besançon, jusqu’à la retraite, pour mener à bien une nouvelle mission avec Jeunesse et Sport. La fin du spectacle des Fantassins a rappelé cet épisode avec une certaine finesse, Marcel Guignard reprenant la fable de La Fontaine « Le loup et l’agneau » : « qui donc ose troubler mon breuvage… », « si ce n’est toi, c’est donc ton frère… »
L’heure était au rassemblement en la mémoire de Michel Legrand, et pas à la polémique. Mais il était nécessaire, au nom de la vérité, de redire ce qui s’était passé alors. Et je dois avouer, au-delà des clivages, que je suis particulièrement satisfait qu’Etienne Butzbach, actuel maire de Belfort, ait dépassé ces incompréhensions passées pour honorer la mémoire de cet homme qui le méritait, et à travers lui à toute une équipe qui l’entourait.
Quelque part, Michel Legrand a enfin eu sa revanche sur les aléas de sa vie professionnelle belfortaine : ses mérites sont reconnus par tous et ce n’est que justice.
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