Ce jeudi 17 avril, je rejoins la Biélorussie (Belarus), en compagnie de Larissa Legrain, une Belfortaine de 75 ans qui va peut-être retrouver sa sœur qu'elle n'a pas vue depuis 1966, il y a 48 ans ! Nous sommes invités par la télévision biélorusse pour enregistrer une émission, version bélarusse de "Perdu de vue". L'épilogue d'un an de travail en tant qu'élu local, à l'écoute de ses concitoyens. Récit.
Je connais Larissa Legrain, habitante du quartier de la Pépinière à Belfort, depuis une quinzaine d'années. Un jour elle me dit : "J'aimerais bien retrouver ma petite sœur en Biélorussie. Je ne l'ai pas vue depuis 1966."
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je lui fais me raconter son histoire : Larissa est née Klebanovitsch à Minsk en mars 1939. Lorsque la guerre arrive, la famille est séparée. Le papa, qui se bat dans l'armée rouge, serait mort sous les bombardements. La maman, Larissa, et une partie de sa famille sont déportés dans des camps de travail en Allemagne.
Pensant son mari décédé, Mme Klebanovitsch rencontre un Français en Allemagne. Elle l'épouse et le suit en France avec Larissa. Elle meurt en 1952, alors que Larissa n'a que 13 ans.
Lorsqu'elle veut se marier en 1964, Larissa écrit à la mairie de Minsk pour obtenir un extrait de naissance. C'est là qu'elle apprend que son papa est encore en vie. Après plusieurs années d'hôpital pour soigner ses blessures, pensant sa famille disparue en Allemagne, il s'est remarié et a eu une fille, Valentina, née vers 1956.
Deux ans de démarche, et Larissa obtient un visa pour la Biélorussie où elle se rend en 1966. Un bon séjour à Minsk où elle voit son père, et sa petite sœur Valentina qu'elle rencontre pour la première fois.
Le séjour se termine et Larissa revient en France. C'est la guerre froide avec les pays de l'Est et le "rideau de fer" se lève à nouveau... Quelques lettres sont encore échangées, mais Larissa ne lit pas le Russe. Le lien se perd.
Lorsque je reprends l'enquête, il y a un an, je constate la première difficulté : Valentina, qui avait 10 ans en 1966, a dû se marier, changer de nom et peut être déménager...pas simple.
Je fais traduire les lettres des années 1960, fais des recherches sur internet et j'écris en tant que conseiller général à l'Ambassade de Biélorussie (Belarus) en France. Je m'y rends à l'automne pour faire avancer le dossier.
Je réalise un petit film tourné devant le Lion de Belfort pour lancer un appel à la télévision biélorusse. L'appel est diffusé au mois de mars 2014.
(Voir l'émission : http://m.youtube.com/watch?feature=youtu.be&v=n6pgBJFoqPs)
À-t-il été entendu ? À l'heure où nous partons en Biélorussie, Larissa et moi, nous n'en savons rien. J'imagine seulement que si un tel déplacement est organisé et pris en charge par la télé, c'est parce que cela a abouti...Mais rien n'est certain.
Je tiens en tout cas à remercier dès maintenant celles et ceux qui m'ont permis d'avancer sur ce dossier profondément humain:
- Marcelle Galkine, qui a bien voulu traduire les lettres des années 1960
- Sophie Graehling, qui a réalisé le petit film que nous avons envoyé à la télé biélorusse
- Andrei Gil, responsable des services consulaires de l'Ambassade du Bélarus à Paris, pour son écoute, son attention, son efficacité et son accueil.
Dans 48 h, nous saurons si Larissa a retrouvé sa petite sœur Valentina. Je ne manquerai pas de vous le faire savoir sur ce blog, et sur les réseaux sociaux.
En attendant, à tous, bons baisers de Biélorussie !!
Retrouvez ici l'article de l'Est Républicain du 12 Avril: Téléchargement PDF-Page_51-edition-de-belfort_20140412
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