Je dénonce la « brutalité » et « l’absence de concertation » du Ministère de la Culture.
J’apprends avec effarement la décision du Ministère de la Culture de ne pas reconduire Joanne Leighton pour un contrat de 4 ans à la tête du Centre chorégraphique national (CCN) de Franche-Comté à Belfort, situé au cœur de mon canton de Belfort-Est.
J’assure de ma sympathie et de mon soutien Joanne Leighton, qui n’a pas démérité, bien au contraire : véritable ambassadrice de Belfort pour la création chorégraphique, en France et ailleurs, elle a effectué un travail rigoureux, de grande qualité, avec des initiatives marquantes comme « Made in Belfort » ou « Les Veilleurs ». Elle a su aussi allier création artistique et lien social avec la population et les élus de Belfort, car aujourd’hui un centre chorégraphique ne doit pas être un « machin culturel » posé dans une ville. Il doit être un espace de création validé, soutenu et apprécié de la population de son lieu d’implantation.
Evidemment, certaines élites parisiennes prétentieuses ont cherché à rabaisser le travail de Joanne en y voyant de la « simple animation socio-culturelle », ce qui est particulièrement injuste. Un rapport d’inspection du Ministère de la Culture serait allé dans ce sens.
J’ai interpellé par courrier Mme Aurèlie Filipetti, ministre de la Culture, car les élus de Belfort doivent avoir des réponses claires sur ce qui s’est passé, à l’heure où les rumeurs les plus folles laissent entendre qu’il fallait libérer la place car le Ministère à des candidats à placer… Comme je crois encore à l’Etat impartial, je me refuse à cautionner cela, et j’ose espérer qu’il n’en est rien.
En tout cas, je dénonce la brutalité et l’injustice de la décision du Ministère de la Culture. Je regrette aussi son absence totale de concertation avec les élus locaux, pourtant co-financeurs de la structure. Ils ne sont pas de simples exécutants, ils ont leur mot à dire : l’Etat ne devrait pas l’oublier.
Loin de Belfort, j'étais pourtant très sensible à la présence, à la tête du centre chorégraphique, dans une juste filiation d'Odile Duboc, de la grande artiste et humaniste que sont Joanne Leighton.
Je suis moi aussi attérée et choquée par cette éviction.
J'avais découvert Joanne Leighton au Vivat d'Armentières, lors d'un festival où j'avais été impressionnée et conquise par l'artiste: une femme, une oeuvre généreuse, forte, aussi éloignée d'une mode cultureuse et superficielle, que peut l'être un véritable créateur de la médiocrité consensuelle, et par la personne, surprenante de rigueur intellectuelle autant que de simplicité.
Je reste marquée par cette rencontre fugace et convaincue que Joanne Leighton soit une artiste nécessaire au paysage artistique français.
Je voudrais pouvoir lui transmettre les raisons de ma confiance en elle, de ma conviction. Je suis triste et désolée de ce comportement sinistre et désinvolte de nos " élites ", qui fait penser à une échelle plus redoutable, aux actions du front national dans certaines municipalités, aussi nuisible à une grande artiste qu'à notre environnement culturel.
Joanne Leighton, j'ai été très émue par la délicatesse, l'humour, la poésie, la profondeur et la tendresse de votre atypique" The end " au Vivat ( contrairement au représentant de " l'intelligentia locale " qui avait rédigé une critique emprunte de machisme et d'incompréhension, choquante de condescendance, dans la feuille de chou du festival! ) ainsi que par la présentation de votre démarche " exquisite corpses ", par votre sensibilité, par votre voix donnant à entendre le texte de John cage d'une façon qui m'a bouleversée, et par votre gentillesse, si élégante et naturelle.
Rédigé par : Sophie Poulain | 21 septembre 2014 à 04:01