Voici le discours introductif de Christophe GRUDLER, au nom des élus du groupe Un Nouveau Souffle pour Belfort, lors du conseil municipal extraordinaire de Belfort du 28 mars 2009 consacré à l'école.
"Monsieur le Maire,
Lorsqu’il y a un mois, vous nous avez annoncé la réunion d’un conseil municipal extraordinaire traitant de l’école, nous en avons approuvé le principe. * Oui, c’était une bonne chose de parler de l’école à Belfort et de l’avenir de nos enfants. * Oui, c’était une bonne chose de faire un point par rapport à la situation nationale, à l’indigence des crédits de l’Education nationale, aux réformes précipitées et pas toujours réfléchies imposées par le ministère.
Mais au lieu de ce grand moment de démocratie et de débat, nous avons droit ce matin à une « grand messe » uniquement proposée pour justifier votre idée de faire passer l’enseignement de 8 demi-journées à 9 demi-journées.
Un dogme sorti d’on ne sait où pour nous expliquer par A + B que cela ferait du bien aux enfants de se lever 5 jours sur 5 en semaine afin qu’ils soient mieux reposés !!
Mais cela, les Belfortains n’en veulent pas Monsieur le Maire. Nous le savons pour être à leur écoute, pour en discuter avec eux à travers nos conseillers municipaux, nos 14 délégués de quartier et nos différents relais sur la ville.
Cette dragée amère, vous l’enrobez d’un sucre doux, avec le pensum que vous allez nous présenter sur le projet éducatif global et sur les activités périscolaires.
Nous sommes prêts à en débattre avec vous parce que nous croyons aux activités périscolaires, à l’ouverture musicale ou sportive des enfants, à l’importance du soutien scolaire. Mais nous n’acceptons pas de valider, sans vraie concertation, un projet éducatif qui remettrait en cause les rythmes scolaires.
N’oubliez pas que, dans « périscolaire », « péri » cela signifie autour. Et que le « péri-scolaire » cela doit rester autour de l’école, et non pas remplacer l’école l’après midi notamment.
Vous allez nous dire que vous lancez le débat. Mais cette proposition du mercredi matin est bien une proposition de votre majorité municipale et, nous l’avons vu par le passé, les concertations organisées a posteriori de vos décisions n’ont pour but que d’expliquer ce que vous voulez faire, pour ensuite mieux l’imposer aux Belfortains. Nous ne sommes pas d’accord avec cette méthode.
De plus, nous sommes convaincus que ce n’est pas à l’échelle d’une mairie, aussi éminente soit elle, que l’on doit régler des problèmes de société qui regardent avant tout l’Education Nationale. C’est bien au ministère de réfléchir à ces questions de rythmes scolaires, et non pas à notre assemblée. C’est au ministère de donner des crédits décents à l’Education Nationale pour que nos enfants puissent apprendre dans de bonnes conditions. Le mercredi matin travaillé, Xavier Darcos l'a rêvé, Etienne Butzbach l'a réalisé !
Enfin, était-il urgent d’ouvrir ce chantier ? A l’heure où notre pays est en pleine récession économique, à l’heure où les chômeurs et la précarité progressent dans notre ville et notre département, était-il utile d’opposer les Belfortains les uns aux autres autour d’une thématique du mercredi matin certes intéressante mais pas du tout consensuelle ?
Pourquoi, effectivement, nous vous retournons le compliment, agiter le « chiffon rouge » du mercredi matin ? On dirait que vous voulez réinventer avec ce débat autour de l’école une nouvelle forme de « lutte des classes ».
Au contraire d’un tel affrontement idéologique, les élus d’Un Nouveau Souffle pour Belfort auraient préféré un conseil municipal extraordinaire autour d’idées qui font consensus sur d’autres thématiques que l’école le mercredi matin : par exemple autour de la création d’emplois, et du développement de notre ville…
Les heures graves que nous vivons au niveau local, national et international auraient mérité une telle solidarité des élus et des Belfortains, comme nous l’avons fait ces dernières années pour défendre Alstom ou nos régiments menacés de disparition.
Alors concrètement, et positivement, à la place d’une mise en route de l’école le mercredi matin, qu’aurions nous attendu pour ce conseil municipal extraordinaire consacré à l’école ?
Et bien nous aurions souhaité un débat, et des idées :
• comment permettre d’accueillir davantage d’élèves dans nos écoles, alors que nous avons perdu 500 élèves en huit ans, soit 15% des effectifs totaux de la ville ? • comment rendre Belfort davantage attractif pour les familles avec enfants ? • comment mettre en place un « contrat école », pour qu’à l’échelle de chaque école la communauté éducative définisse avec les services de la ville les investissements indispensables pour les années à venir ? Nous aurions pu ensuite valider un plan pluriannuel d’investissement pour mettre à niveau toutes nos écoles, en finir avec les préfabriqués ou la vétusté. • Comment montrer l’exemple face à l’Etat qui retire ses moyens éducatifs ? Par exemple en maintenant le nombre d’ATSEM dans les écoles même s’il y a fermeture de classe ? • Comment prendre davantage en compte l’avis des parents ? • Comment prendre davantage en compte l’avis des personnels municipaux travaillant dans les écoles, à qui il faudrait proposer un vraie filière et une évolution de carrière, là où il y a aujourd’hui beaucoup de précarité d’emplois ?
Aujourd’hui, vous avez choisi de ne traiter à fond aucune de ces questions de fond, et c’est bien dommage lorsque l’on organise un conseil municipal extraordinaire entièrement consacré à l’école."
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