Après avoir viré sans ménagement Catherine Bizern, la délégué générale d’Entrevues, la Ville de Belfort a mis dix jours pour justifier l’injustifiable. Mais le mal est fait : c’est l’image de notre ville qui en prend un coup dans la presse nationale et dans le monde du cinéma. Et je dénonce les menonges de la municipalité:
Catherine Bizern, déléguée générale du festival Entrevues, a été limogée parce qu’elle faisait de l’ombre à Robert Belot, adjoint à la culture. Celui-ci a demandé sa tête au maire Etienne Butzbach, qui lui a donné. Inutile de chercher plus loin des explications fumeuses. C’est pourtant ce que font, après dix jours de réflexion, Robert Belot et Gilles Lévy, ce dernier en tant que président de « Cinémas d’aujourd’hui ». Faire du cinéma, raconter des histoires, cela semble être leur but, pour faire passer la pilule dans l’opinion, et dans le monde du cinéma.
Ils commencent par deux gros mensonges, que je dois dénoncer :
1/ Janine Bazin a vraiment porté le festival sur les fonts baptismaux en 1986, avec sa patte originale et réussie. Mais elle n’a jamais agi « de façon bénévole » comme MM. Belot et Levy le disent. Ils feraient bien de se renseigner, car ils ne connaissent pas leur dossier. Mme Bazin a été recrutée comme directrice artistique du festival, et était liée à Entrevues par un contrat en bonne et due forme. Et c’était tout à fait normal. Pourquoi prétendre le contraire aujourd’hui ? Pour mieux rabaisser Catherine Bizern ? C’est tout simplement scandaleux.
2/ la programmation Art et Essai n’a pas connu une « explosion de sa fréquentation en trois ans », comme ils l’affirment. Si les chiffres sont passés de 10.000 à 70.000 entrées, c’est uniquement par qu’ils ont additionné les chiffres générés par Cinémas d’aujourd’hui, avec ceux de la programmation nationale « Art et essai » de Pathé, sur lequel l’association n’a aucune prise. C’est simplement un changement de mode de comptage…
Mais l’essentiel n’est pas là. En décapitant Entrevues à six mois de la prochaine édition, la municipalité a cassé l’image de la ville dans le monde du cinéma. Même la presse nationale s’y met : « Entrevues entravé » pour les Inrockuptibles, « Entrevues dans le brouillard » pour Libération, « Querelle de territoire au festival du cinéma de Belfort » pour Le Monde, « Rupture à Belfort » pour Politis…
Vous pourrez retrouver les articles ci-dessous :
http://www.liberation.fr/culture/2013/03/13/entrevues-dans-le-brouillard_888393
http://www.politis.fr/Festival-Rupture-a-Belfort,21385.html
Pour justifier a posteriori ce limogeage, l’adjoint à la culture évoque un concept fumeux d’évolution du festival. Monsieur Belot oublie simplement que c’est bien sur le concept de « cinéma de recherche » que l’Etat finance ce festival…Le moindre changement dans le cahier des charges peut faire disparaitre cette subvention, et celle du Conseil général.
S’ouvrir au film d’animation ? Il y a déjà un festival de ce type à Annecy, très coté en France.
Elargir la sélection ? C’est oublier un peu vite que les films appartiennent à leurs producteurs et que c’est eux qui décident si leurs films seront projetés à Angers (notre concurrent) ou à Belfort.
Alors que faire, maintenant que le mal est fait ? Je propose de revenir aux trois fondamentaux définis en 1986 par Janine Bazin :
1/ compétition internationale 1eres œuvres, toujours dans le cinéma de recherche (ce qui nous garantit une image et une couverture nationales ainsi qu’un financement national)
2/ une rétrospective du cinéma sur des thématiques fortes et porteuses
3/ un hommage à un ou des réalisateurs (ces deux derniers points garantissant l’effet sur le grand public).
Il y a enfin un objectif de reconquête de la presse nationale, scandalisée par le limogeage de Catherine Bizern, limogeage qui n’a aucune raison cinématographique, mais qui illustre un régime finissant ne pensant qu’à couper les têtes dont il prend ombrage.
Au lieu de limoger Mme Bizern, il aurait mieux valu renouveler l'équipe de cinémas d'aujourd'hui et sa chef hypocrite Mme Demange.
Rédigé par : Hatry | 30 mars 2013 à 19:43
On se croirait en 1793! A force de décapiter tout ce qui dépasse il ne va plus rester que Robert et Etienne se guettant chacun du coin de l'oeil pour savoir qui va couper la tête à l'autre!
Rédigé par : zorro90 | 28 mars 2013 à 21:27
ça manque d'élégance ,la fin justifie le peu de moyens ...humains .
Rédigé par : degôche | 28 mars 2013 à 18:40
Quelle mauvaise image de Belfort ! Je ne suis pas toujours réceptive aux films présentés par Entrevues (des fois, on se pose vraiment des questions sur certains films qui n'ont ni queue ni tete), mais je dois reconnaitre que cela avait le mérite de donner une bonne image à Belfort, dans le monde du cinéma. Maintenant, grâce à cette municipalité, c'est raté...
Rédigé par : Isabelle | 28 mars 2013 à 14:10