CHRISTOPHE GRUDLER

Renforcer Alstom Transports à Belfort : de vrais projets à porter localement

Le dossier de la reprise d’Alstom est une action à multiples facettes. Pour Belfort, il y a bien sûr avant tout l’énergie (qui emploie plus de 5000 personnes) et le maintien global de l’emploi, tous secteurs industriels confondus. Mais attention à ne pas faire une victime collatérale : une fois la reprise actée, Alstom Transports se trouvera en position de faiblesse à Belfort… Sauf si industriels, Etat et collectivités locales se retroussent les manches ensemble. J’ai écrit en ce sens à Patrick Kron, le patron d’Alstom.

Réfléchissons tout d'abord sur les emplois à Belfort, pour tous les secteurs industriels (énergie et transports). Le patron de General Electric, reçu ce mercredi à l’Elysée, a promis la création de 1000 emplois en France, sur trois ans, s’il reprend Alstom.

Quelle était la perspective jusqu'à présent pour Alstom seul, qui faisait face à une importante baisse de son carnet de commandes ? Alstom a fait travailler ses équipes de direction sur une diminution forte de ses effectifs : on parlait de 5000 emplois supprimés dans le monde, dont plus de 500 sur le seul site de Belfort …

Donc, ce plan initial de suppressions d'emploi tomberait à l'eau, et GE proposerait de recréer de l'emploi rapidement, peut être en partie à Belfort (on sait que le marché de l'énergie va bientôt reprendre): l’équation serait bonne pour Belfort.

Une fois la branche Énergie d'Alstom reprise par l'un ou l'autre investisseur, la présence d’Alstom à Belfort se limitera à son activité Transports, qui fait travailler 550 personnes sur une toute petite partie du site. Cette activité apparaitra comme une enclave le long de l’avenue des Trois Chênes, au milieu d’un gros ensemble GE ou Siemens (52 ha pour le seul site Alstom historique + une trentaine d’hectares pour l’ancien site Bull).

A Belfort, Alstom Transports fabrique des motrices de TGV et des motrices Diesel. Elle fait un peu de réparation de machines, notamment pour la SNCF. Tout cela est fragile : les TGV ne se vendent pas beaucoup en ce moment, et les contrats pour les motrices Diesel (notamment avec l’Asie centrale) spécifient que la plupart des machines soient construites dans les pays acheteurs…

Mais par ailleurs, d’autres usines d’Alstom Transports sont en plein développement : Reichhoffen, La Rochelle, Ornans, où l’on fabrique des voitures pour trains, des trains régionaux ou des rames de métros ou tramways, marchés très dynamiques. 

Bref, si on ne bouge pas, Alstom Transports peut être condamné à Belfort. Pourtant le site ne manque pas d’atouts :

 -          Historiquement, Alstom y fabrique des locomotives depuis 1879 (l’énergie est arrivée plus tard). C’est le plus ancien site du groupe. Une symbolique qui peut être utile..

-          Foncièrement, il existe de vraies opportunités : des terrains et des bâtiments sont disponibles, avec la proximité immédiate du chemin de fer (voies Paris-Bâle + Strasbourg-Lyon).

-          Techniquement, les salariés d’Alstom Belfort ont un savoir-faire extrêmement précieux.

-          Humainement, il y a des ressources à Belfort : main d’œuvre immédiatement disponible pouvant être embauchée sur place en cas de montée en puissance.

 Dans les négociations en cours actuellement, il faut que Belfort se positionne de façon forte et déterminée. Les collectivités locales et l’Etat doivent pouvoir montrer leur volonté d’accompagner les projets d’Alstom Transports à Belfort.

1/ dans le cadre d’un éventuel accord avec GE, il est d’ores et déjà acquis qu’Alstom Transports va récupérer l’activité "Signalétique" de GE. Battons-nous pour que cette activité se localise à Belfort.

2/ pour qu’Alstom Transports se renforce dans la réparation des trains (ce que l’on appellerait le « retrofit » dans l’énergie) utilisons une partie des 30 hectares de friche ferroviaire du dépôt SNCF de Belfort. Les voies de retournement, la rotonde, par exemple, n’ont plus aucune utilité depuis l’arrivée du TGV. Il faut voir comment cet espace foncier pourrait être cédé au profit d’une activité lié au ferroviaire

3/ voir auprès d’Alstom Transports tout autre type de projet ferroviaire pouvant être localisé à Belfort, afin de proposer un portage public-privé intelligent (avec la Sempat ou un autre outil économique).

J’ai développé ces points dans mon courrier à Patrick Kron, le patron d’Alstom.

En conclusion, redoublons d’initiatives pour défendre toutes les branches de notre activité industrielle locale : se limiter au secteur de l’énergie, sans se préoccuper de nos autres industries, serait une erreur qui pourrait nous coûter cher en terme d’emplois.

Tout cela est bien sûr question de volonté politique, et de la capacité d’union des élus locaux, pour parler d’une seule voie auprès des industriels et de l’Etat : le consensus local est la condition de la réussite. Au profit des salariés, de notre richesse économique locale, de Belfort et de toute l’aire urbaine.

 

Monument préféré des Français : Belfort et Ronchamp font-ils encore partie de la Franche-Comté ?

France Télévisions propose une émission au contenu très intéressant. Elle demande aux Français d’élire leur monument préféré. Une excellente initiative que l’on ne peut qu’applaudir… et vous connaissez mon attachement au patrimoine de notre pays et à sa mise en valeur !

Mais hélas, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes : dans la pré-sélection régionale, le Nord Franche-Comté n’existe pas !! Pas de Chapelle de Ronchamp, ni de Lion de Belfort. Un vrai scandale !

Les trois monuments qui symbolisent la Franche-Comté sont tous situés dans le Doubs ! Citadelle de Besançon, fort de Joux et Saline royale d’Arc-et-Senans !! De beaux monuments certes, mais pas forcément les plus emblématiques de la Franche-Comté. A moins que le Nord Franche-Comté ne fasse déjà plus partie de la Région à l’heure où la présidente du Conseil régional de Franche-Comté ne jure que par la fusion-absorption avec la Bourgogne !

On peut donc se poser la question des critères de sélection de ces trois monuments. Est-ce le CRT (Comité régional du Tourisme, officine du Conseil régional) qui a proposé sans discernement ces sites aux producteurs de l’émission ?? L’Association départementale de tourisme (ADT) du Doubs ?? Impossible de le savoir pour l’instant.

Car oui, n’ayons pas peur de le dire, la sélection ne représente pas du tout la diversité du patrimoine bâti de Franche-Comté, ni dans sa typologie, ni dans sa localisation géographique.

Les sites les plus fréquentés ? C’est peut-être vrai pour la Citadelle de Besançon et la Saline d’Arc-et-Senans…mais le troisième site est la Citadelle de Belfort !! Et le château de Joux n’est que 10^e au classement des sites franc-comtois les plus visités.

Pour moi, il aurait fallu ajouter au moins deux monuments phares de la Franche-Comté :

1 / la chapelle de Ronchamp (Haute-Saône), œuvre magistrale du Corbusier construite de 1950 à 1955, pour laquelle des touristes viennent du monde entier

2/ le Lion de Belfort (Territoire de Belfort), chef d’œuvre du sculpteur français Auguste Bartholdi, l’auteur de la statue de la Liberté à New-York, édifié de 1876 à 1880 devant la roche du château de Belfort

Idéalement, il aurait fallu proposer un monument par département comtois (avec peut-être les anciennes salines de Salins-les-Bains pour le Jura). Là, on a vraiment l’impression qu’en Franche-Comté, il n’y a de beaux monuments que dans le Doubs.

Je trouve cette situation injuste, et je m’en suis ému dans un courrier que je viens d’adresser à Rémy Pflimlin, le patron de France Télévisions.

Il est peut-être encore temps de corriger le tir.

Laissons encore une chance au Lion de Belfort, ou à un autre, de devenir le Monument préféré des Français. 

 

Un vrai courant centriste dans le Territoire de Belfort

Comme c’était hélas attendu, l’élection européenne a confirmé la montée des extrêmes, et plus généralement des « eurosceptiques ».

Face à cette situation grave, tous les démocrates doivent unir leurs efforts pour défendre l’Europe et ses valeurs. Pour montrer qu’il n’y a pas de salut pour la France et les Français sans une Europe forte, juste, humaine, déterminée pour répondre aux grands défis du monde.

A titre personnel, je suis très heureux de la réélection comme député européen de mon amie Nathalie Griesbeck, qui le mérite, et de la naissance d’un vrai courant centriste pro-européen dans le Territoire de Belfort. Merci à tous les électeurs qui se sont déplacés pour permettre ce score.

Nous obtenons des résultats au-dessus de la moyenne, là où nos élus Modem-UDI font un vrai travail de terrain, dans une totale cohérence : c’est le cas à Belfort, Valdoie, Bavilliers, Offemont, Essert, Evette-Salbert… L’alliance entre l’UDI et le Modem a permis d’obtenir ce résultat, une nouvelle fois prometteur pour l’avenir.

Faut-il ou non chanter la Marseillaise ?

C’est reparti pour les polémiques politiciennes ! Christiane Taubira, garde des Sceaux, n’a pas chanté la Marseillaise lors de la cérémonie sur l’abolition de l’esclavage organisée samedi à Paris. Et bing, c’est reparti comme en 14 : elle est accusée de tous les maux par certains opposants traditionnels en mal de publicité, et elle se défend très mal en expliquant refuser de participer à un « karaoké d’estrade » lors de ces cérémonies officielles. Bref, la passion va une nouvelle fois l’emporter sur la raison. Eh bien je vous propose d’abandonner toute passion, et de réfléchir ensemble sur ce blog autour de cette question : faut-il ou non chanter la Marseillaise ?

Depuis le début de mon engagement public (je suis conseiller général du Territoire de Belfort depuis 1998), j’ai participé à des centaines de cérémonies commémoratives officielles, et de réunions sportives ou politiques.

Pour les cérémonies aux Monument aux Morts, la Marseillaise est pour moi un appel au recueillement, un hommage à ceux qui se sont sacrifiés pour la France. Chacun peut vivre ce recueillement comme il l’entend sans être jugé.

Moi, je préconise le recueillement intérieur, voire le chant discret du bout des lèvres pour ceux qui le souhaitent. L’ordonnancement des cérémonies est prévu dans ce cadre : après la sonnerie aux Morts et la minute de silence, c’est une version instrumentale – donc sans parole – de la Marseillaise qui est diffusée (souvent en version enregistrée, car beaucoup de communes de France n’ont pas la chance d’avoir une vraie Musique – militaire ou civile - sur place). C’est la meilleure façon de penser à nos morts, d’intérioriser en toute discrétion l’hommage que leur rend la Nation.

Dans ce cadre, je dois avouer être très gêné lorsque mes voisins dans les « rangs officiels » hurlent à qui mieux mieux pour montrer qu’ils connaissent bien les paroles…ce dont personne ne doute ! Le problème est également que certains chantent faux, et feraient mieux d’être discrets car cela nuit à la solennité de la cérémonie. C’est sans doute en voulant parler de cela que Mme Taubira a parlé de « karaoké d’estrade ». Mais son expression est très maladroite : elle banalise notre hymne national, rabaissé au rang de simple chanson… Davantage de dignité dans la réponse aurait été préférable, d'autant que la « Marseillaise » est une question très sensible, notamment dans le monde des anciens combattants qui peut être heurté, ou se sentir blessé, par une phrase aux conséquences mal pesées.

Lorsque j’intériorise ainsi la Marseillaise, je suis toujours très ému. Elle résonne en moi et me donne la chair de poule : à travers elle, je revis tous ces moments de sacrifice vécus depuis des siècles par les générations qui nous ont précédé, au nom de notre Nation, pour que nous gagnions notre Liberté, notre Démocratie, notre Droit de Vote par exemple, pour défendre des peuples opprimés dans le monde entier, peuples pour qui la France est le symbole de la Liberté et des Droits de l’Homme. Tous ces combattants de la Liberté sont partis au son de la Marseillaise. Des abus, des erreurs au nom de la Nation et de la Marseillaise ? Bien sûr il y en a eu. Les nier serait une bêtise. Nous sommes humains donc faillibles. Mais ne profitons pas des exceptions pour en faire une règle.

Lors des réunions politiques ou sportives, chanter la Marseillaise a un autre sens. Ce n’est plus le recueillement, l’hommage au sacrifice et au passé. C’est la communion, le soutien, de tout un peuple derrière une équipe nationale, ou une élection nationale, pour une compétition à venir, ou pour féliciter l’un des membres de la Nation pour sa présence sur un podium. Bref, dans ce cadre-là, chanter la Marseillaise c’est participer à la cohésion, manifester un soutien massif, montrer la fierté d’avoir une belle équipe. Il faut donc la chanter.

Certains joueurs, de football par exemple, préfèrent ne pas chanter. S’ils sont concentrés, s’ils « intériorisent » au moment de l’hymne, cela ne me dérange pas. Mais s’ils mâchent un chewing-gum, rigolent, discutent ou donnent l’impression de s’en fichtre, ils manquent de respect à toute la Nation qui les soutient, et ce mépris est blessant. Ils ne se montrent pas dignes du maillot qu’ils portent.

Une Nation doit aussi respecter les autres Nations. C’est le principe de la « fraternité » qui fait partie de notre devise. Lorsque d’autres hymnes sont joués, les Français doivent les écouter en silence, marque de respect pour d’autres peuples et d’autres êtres humains. La réciproque est attendue des autres pays.

Il n’y a rien de « guerrier » à apprécier la Marseillaise. Il y a le sens de l’Histoire de notre Nation, son présent et son avenir, à porter dans le respect de tous les peuples du monde. C’est un appel à dépasser sa propre existence au profit d’un destin collectif, pour que les hommes et les femmes de notre pays vivent mieux. Et chaque membre de la Nation a son rôle à jouer.

Vous voyez donc que l’enjeu dépasse les petites polémiques politiciennes à visée électorale. Le drapeau, la devise et l’hymne national devraient pour moi être sanctuarisés : hormis pour des actes de la plus grande gravité (trahison, injures flagrantes…) aucun politique ne devrait y trouver un prétexte à alimenter son fonds de commerce électoral.