Comme on pouvait le craindre, la visite de François Hollande et de ses ministres en Haute-Saône s'est limitée à de la communication électoraliste régionale et nationale. Il en faudra davantage pour sauver le soldat Dufay...
Le précédent comité interministériel, organisé il y a 6 mois à Laon dans l'Aisne, avait sorti 46 mesures en faveur de la ruralité. Ce lundi en Haute-Saône, il n'y avait plus grand chose dans la boîte à outils : 21 mesures seulement, et toutes de portée limitée.
En faveur de la ruralité, le président a promis aux communes 500 millions d'euros, dont il n'a pas le premier euro : les arbitrages budgétaires n'ont pas été effectués.
500 millions, cela correspond à une aide de 15.000 euros par commune rurale, notamment en Bourgogne-Franche-Comté, alors que dans le même temps les Dotations de l'Etat s'écroulent (moins 15 milliards d'euros pour les collectivités locales).
Avec 15.000 euros, va-t-on sérieusement inverser la courbe de la désertification dans les zones rurales ? Va-t-on sérieusement mettre fin au sentiment d'abandon au profit des métropoles et des grandes villes ? Non.
La réponse sur l'accès aux urgences est grotesque : l'Etat ferme des services publics d'urgence et veut compenser en formant des médecins généralistes privés qui croulent déjà sous le travail, et qui ne sont pas des urgentistes... C'est une France à deux vitesses qui se dessine.
Localement, je partage la même analyse que Jean-Claude Durupt, président du Modem de Haute-Saône. En matière de désenclavement et d'aménagement du Territoire, je regrette qu'aucun engagement ferme n'ait été annoncé pour l'avenir de la ligne ferroviaire 4 (Paris-Vesoul-Lure-Belfort), notamment concernant la desserte de la gare de Lure.
Le contournement routier de Port sur Saône, annoncé pour 2016, aurait pu être une bonne nouvelle...si le président de la République n'avait pas ainsi entériné un nouveau retard, le chantier devant être démarré par l'Etat en 2015.
L'annonce d'une nouvelle prison à Lure, pour remplacer celle de 70 places, vétuste et dangereuse, fermée en 2014, est un bon signal en matière d'emploi. Mais avec une annonce de 300 places - ce qui en fait un grand établissement -, le président de la République est en totale opposition avec sa Garde des Sceaux, Mme Taubira, qui estimait que 70 places en centre-ville à Lure correspondait aux établissements de petite taille et de proximité qu'elle souhaitait promouvoir...
Une concertation s'impose avec les personnels pénitentiaires du Nord Franche-Comté (souvent peu favorables aux grands établissements, plus difficiles à surveiller) et les collectivités locales pour voir quel impact cette initiative aura sur les prisons - vétustes - de Belfort et Montbéliard.
Clairement, ces annonces médiatiques du président de la République ne répondent pas aux enjeux des territoires ruraux de Bourgogne-Franche-Comté. La campagne des Régionales qui s'ouvre permettra d'apporter de vraies idées pour les préserver et les développer.
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