Sans me prononcer sur le fonds de la polémique qui se focalise actuellement à Belfort autour de la dénomination d’une rue André Tisserand, je constate l’isolement dans lequel se trouve aujourd’hui le maire de Belfort, en ayant décidé seul de l’attribution de certains noms de rue. Il ne se trouverait pas dans cette difficulté s’il avait eu autour de lui une expertise indépendante, et des avis de spécialistes lui apportant une précieuse aide à la décision.
Pour l’aider et l’orienter dans ses choix, il faudrait remettre en place la Commission de dénomination des rues de Belfort qui a fonctionné pendant une dizaine d’années, avant d’être supprimée par le précédent maire Etienne Butzbach. Cette commission consultative rassemblait des élus, des historiens, des responsables associatifs d’horizons divers. Elle fonctionnait très bien, et de façon très consensuelle.
Jean-Pierre Chevènement l’avait remise en place en 1994, et m’en avait fait membre, après que je sois monté au créneau pour dénoncer le baptême d’une « avenue de l’Espérance » devant Atria, alors qu’il existait déjà à 100 mètres à la Miotte une « rue de l’Espérance » avec un vrai sens historique.
Si elle avait existé au préalable, une telle commission aurait pu éviter d’autres aberrations, comme par exemple dénommer une rue « Auguste Piccard » au Champ de mars, alors qu’il existe déjà une rue « Gustave Picard » à la Miotte. Les erreurs de GPS ne sont pas rares : les automobilistes égarés viennent demander conseil aux riverains… Des camions de livraison d’Atria se sont déjà retrouvés bloqués rue de l’Espérance à Belfort.
Outre la pertinence de donner tel ou tel nom, une Commission des noms de rue pourrait réfléchir au secteur géographique, au quartier, à l’histoire des terrains. Ainsi, pour dénommer deux nouvelles rues à la Miotte, on aurait pu faire preuve d’imagination, en lien avec l’histoire du site :
- Ces rues se trouvant à l’arrière de la caserne Friederichs où le célèbre chansonnier Maurice Chevalier a fait son service militaire en 1913, pourquoi ne pas nommer une « rue Maurice Chevalier » ?
- Ces rues se trouvant à côté de la rue du lieutenant Martin, mort dans son char en libérant Belfort en novembre 1944, pourquoi ne pas donner les noms de ses camarades libérateurs qui reposent à côté de lui au cimetière des Mobiles faubourg de brisach : Georges Doucet, Pierre Throude…
- Pourquoi ne pas créer une rue « André Bergeron », ancien responsable national de Force Ouvrière, décédé en 2014, qui est pratiquement l’inventeur du syndicalisme de négociation, et qui a grandi et a habité de très longues années à la Miotte (rue Bornèque), à deux pas de là ???
Voilà quelques questions que pourraient étudier, en amont, une « Commission extra-municipale des noms de rue de Belfort » que le maire de Belfort pourrait mettre en place.
Je suis évidemment prêt à l’aider et à lui apporter mon expertise historique au sein de cette Commission.
Tant il est vrai que ces questions liées au passé, et à la mémoire de notre ville de Belfort, doivent être consensuelles, dépolitisées et pertinentes.
Les tombes des libérateurs de 1944 au cimetière des Mobiles à la Miotte (dont Jacques Martin qui a donné son nom à une rue)
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