Jean Blind est décédé dimanche à l’âge de 86 ans. Ancien déporté, il était le fils de Georges Blind, le « Fusillé souriant », victime d’un simulacre d’exécution en octobre 1944 dans les fossés du château de Belfort, scène immortalisée par une photo mondialement connue. Christophe Grudler a consacré un livre à cette Histoire (« Le Fusillé souriant, histoire d’une photo »).
« J’ai appris avec beaucoup d’émotion le décès de Jean Blind ce dimanche. Jean était pour moi un ami et un confident. Il m’avait ouvert son cœur sur ce qui l’avait marqué à vie : la guerre et la Résistance, avec la séparation définitive de son père en octobre 1944, alors qu’il n’avait que 18 ans. Cela a été une vraie déchirure qui l’a accompagnée toute sa vie », commente Christophe Grudler.
Pompier professionnel à Belfort, le papa Georges Blind s’était engagé activement dans la Résistance. Son statut de caporal-infirmier lui permettait d’utiliser l’ambulance des pompiers pour effectuer des actions clandestines dans un Belfort où l’occupant était omniprésent. Il avait voulu mettre à l’abri son fils Jean Blind, mais malheureusement celui-ci fut arrêté par les Allemands à la frontière suisse avec d’autres résistants. Jean Blind fut déporté dans un camp de concentration en Allemagne ; il ne revint qu’en 1945.
Dans l’intervalle, son père Georges avait également été arrêté par les troupes d’occupation allemande. Il avait été victime d’un simulacre d’exécution en octobre 1944 dans les fossés du château de Belfort. Il poussa le défi jusqu’à sourire face à la mort, au moment où un photographe allemand immortalisait l’évènement. Trois mois plus tard, en décembre 1944, Georges Blind mourrait au camp de Blechhammer, un des commandos d’Auschwitz. Mais entretemps, la photo du « Fusillé souriant inconnu » avait fait le tour du monde, illustrant les livres d’Histoire du monde entier pour symboliser la Résistance face à la barbarie nazie.
Ce n’est qu’en 1984 que les recherches de Christophe Grudler ont permis de savoir que cette célèbre photo avait été prise à Belfort et que le Fusillé souriant inconnu s’appelait Georges Blind. Le témoignage de Jean Blind avait été précieux pour reconstituer toute l’Histoire.
« Avec la disparition de l’un des derniers déportés du Territoire de Belfort, je pense qu’il est temps de rendre hommage à toute la famille Blind, en réalisant un projet qui avait déjà failli voir le jour, à ma demande, lorsque Jackie Drouet était maire de Belfort : apposer une plaque commémorative dans le quatrième fossé du château de Belfort, à l’endroit où la photo a été prise. Ce serait toute la famille Blind qui serait ainsi à l’honneur en accomplissant un tel devoir de mémoire envers les nouvelles générations », conclut Christophe Grudler.
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