Dimanche 26 Octobre, j'ai participé à la cérémonie organisée pour les 70 ans de la photo du "Fusillé Souriant", prise dans les fossés du château de Belfort (voir mon billet précédent sur ce blog).
Cette cérémonie a permis de rendre hommage à Georges Blind, le Fusillé souriant, à Aloïs Martin et Henri Deshaies, tous 3 Pompiers de Belfort morts pour la France en 1944 et 1945.
Je tiens à remercier tous les organisateurs de cet évènement, l'UNADIF et tout particulièrement Patrice Pruniaux, ancien Adjudant-Chef du corps des Sapeurs-Pompiers de Belfort. Merci au Conseil Général du Territoire de Belfort et au lieutenant-colonel Stéphane Helleu, directeur des services départementaux d’incendie et de secours, pour sa participation.
Un grand merci également aux Sapeurs-Pompiers présents, et en particulier aux jeunes qui ont reçu les photos de Georges Blind, Aloïs Martin et Henri Deshaies, et qui se sont engagés faire vivre la mémoire de ces 3 héros
Merci enfin aux familles des 3 Pompiers pour leur présence, ainsi qu’à toutes celles et tous ceux qui nous ont accompagnés ce dimanche matin.
Vous trouverez ci-dessous le texte du discours que j’ai prononcé devant le Fort Blanc.
Discours Fusillé Souriant :
"Et s'il était à refaire
Je referais ce chemin
Une voix monte des fers
Et parle des lendemains
On dit que dans sa cellule
Deux hommes cette nuit-là
Lui murmuraient "Capitule
De cette vie es-tu las
Rien qu'un mot rien qu'un mensonge
Pour transformer ton destin
Songe songe songe songe
A la douceur des matins
Et si c'était à refaire
Je referais ce chemin
La voix qui monte des fers
Parle aux hommes de demain
Ils sont venus pour le prendre
Ils parlent en allemand
L'un traduit Veux-tu te rendre
Il répète calmement
Et si c'était à refaire
Je referais ce chemin
Sous vos coups chargés de fers
Que chantent les lendemains"
Ce poème d'Aragon - dont je vous ai lu un extrait - est intitulé "Ballade de celui qui chanta sous les supplices". Il a accompagné dès 1945 la photographie du "Fusillé souriant inconnu", prise ici, à cet endroit, devant ce fort blanc du château de Belfort en octobre 1944, il y a exactement 70 ans.
Cette photographie est un symbole universel de Résistance. Hier, aujourd'hui et demain, le sourire du Fusillé souriant marque à jamais la victoire de l'être humain sur la force brutale, la victoire des plus faibles sur les plus forts, et la victoire de la vie sur la mort.
Et tout cela par la force d'un sourire, un sourire qu'un sapeur-pompier belfortain, Georges Blind, exprima ici, il y a 70 ans, victime à cet endroit d'un simulacre d'exécution : un supplice terrible qui consistait à faire semblant de fusiller, pour faire craquer la victime, lui faire donner ses camarades de réseau... Le sourire du résistant Georges Blind montre que le stratagème a échoué : il n'est pas impressionné le moins du monde par ses bourreaux. Le pompier belfortain survivra à ce triste épisode, mais il sera déporté et mourra trois mois plus tard dans un camp de concentration près d'Auschwitz.
Le souvenir de Georges Blind est pour moi indéfectiblement lié au souvenir de son fils Jean, lui aussi résistant et déporté en 1944 à l'âge de 18 ans. Jean Blind était avec nous ici même il y a 10 ans pour marquer le souvenir de son père, trop tôt disparu et dont il était si fier. Aujourd'hui, Jean nous a quitté à son tour, mais avec vous, avec sa famille, nous perpétuons la mémoire, qui doit maintenant être transmise aux nouvelles générations. Pour que le temps n'efface pas le souvenir de ceux qui sont morts pour notre liberté.
La photo du Fusillé souriant reste aujourd'hui le symbole universel de la Résistance. Elle figure par exemple dans le nouveau livre de Pierre Bellemare qui sort dans quelques jours sous le titre "Les 44 photos qui ont bouleversé le monde".
Pierre Bellemare, que j'avais invité à cette cérémonie, n'a pas pu être des nôtres. Il m'a transmis hier un message de sympathie, étant de tout cœur à nos côtés ce jour, pour cet hommage à Georges Blind, à Aloïs Martin, et à Henri Deshaie, trois sapeurs-pompiers du corps de Belfort qui ont bien mérité de la patrie. Ils ont permis, avec d'autres collègues du corps de Belfort, que leur drapeau soit le seul drapeau de sapeur-pompier de France à être décoré de la médaille de la Résistance.
Promeneurs qui passez devant ces murs, souvenez-vous de leur sacrifice."
Vous pourrez trouver plus d'informations sur l'histoire de Georges Blind, Aloïs Martin et Henri Deshaies sur le blog "Histoire du Corps des Sapeurs-Pompiers de Belfort".
Merci à Thomas Bresson, pour les photos de cette cérémonie, que vous pouvez trouver en suivant ce lien: Album Photo de T. Bresson
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