La Cour européenne des droits de l'Homme, saisie par un officier de gendarmerie, vient de condamner la France, qui interdit les syndicats dans l'Armée. J'applaudis cette décision, qui va permettre de mettre fin à des injustices, et qui permettra à nos militaires d'encore mieux mener à bien leurs missions, et de servir les intérêts de la France.
Je connais bien la situation de nos militaires, qu'ils soient gendarmes ou soldats dans l'infanterie : mon canton de Belfort-Est abrite un régiment de l'armée de terre (35e RI au quartier Maud'huy), une base de défense (caserne Friederichs), le siège d'un groupement de gendarmerie, des gendarmes mobiles (caserne Daucourt au Champ de Mars). Au total plus de 3000 personnes (avec les familles).
Par contact direct, ou auprès de leurs familles, je connais bien la situation de ces personnels. Si la plupart n'ont pas de difficultés particulières, un certain nombre se trouvent dans une situation de souffrance, sans aucune possibilité de recours car les syndicats n'existent pas.
Le plus flagrant est la situation de la gendarmerie, que l'Etat juge taillable et corvéable à merci: "ce sont des militaires donc ils doivent obéir". Leurs missions sont proches de celles de la Police nationale, mais les policiers étant des civils, ceux-ci ont des syndicats pour les défendre.
Donc pour pallier ses manques de moyens, l'Etat utilise à fond la gendarmerie : obligation de résidence en casernement, temps de travail plus long que la police, baisse des recours aux réservistes et donc surcroît de travail, etc. Et surtout, en cas de difficulté personnelle d'un militaire (conflit hiérarchique ou avec ses collègues), quasi impossibilité de se défendre...
Alors depuis des années, ce sont les femmes de gendarmes, ou les gendarmes à la retraite, qui parlent pour eux (le militaire d'active est tenu au devoir de réserve). On s'imagine partout, sauf dans une démocratie au XXIe siècle.
Je suis abonné depuis plusieurs années également aux newsletters des associations qui revendiquent un nouveau statut pour nos militaires, qui sont des citoyens comme les autres. Le mal-être est important.
Alors oui, la perspective d'avoir des gens pour les défendre, pour écouter leurs problèmes, mais aussi pour proposer des solutions à la hiérarchie, c'est pour moi une excellente nouvelle.
Une proposition intermédiaire pourrait être d'autoriser les gendarmes d'active à diriger les associations de défense de leur profession, qui pourraient devenir les interlocuteurs du Ministère et de la hiérarchie proche. Aujourd'hui, ces associations sont dirigées par des gendarmes retraités ou des épouses de militaires.
Évidemment, je ne souhaite pas une posture d'obstruction, de blocage, de revendication pure et dure. Je souhaite une intervention humaniste, à l'écoute des uns et des autres, force de proposition pour la profession, et attentive aux souffrances individuelles que la hiérarchie découvre parfois, hélas, trop tard, car les mécanismes de "représentation interne" ne fonctionnent pas bien aujourd'hui. Et je sais que le sens des responsabilités de nos militaires leur fera choisir cette voie.
Je suis certain qu'ainsi écoutés et respectés, nos militaires seront tous mieux dans leur peau, et saurons encore mieux mener leurs missions, au profit de la France et des Français.
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